Démocratie, Sadisme et Syndrome de Stockholm

La violence faite aux autres est une promesse de violence à notre égard

À travers leurs politiques étrangères, les démocraties représentatives occidentales nous révèlent leur nature profonde et nous donnent à voir ce qu’elles sont au fond : une entreprise de domination et d’exploitation de « l’autre » par une caste qui a besoin de sentir le pouvoir qu’elle exerce en faisant souffrir des âmes innocentes au-delà de ce qui est nécessaire pour asseoir et affermir cette domination et cette exploitation. 

Si les meurtres de masse commis par nos démocraties — en Serbie, en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, en Ukraine, etc. — n’étaient que les conséquences malheureuses d’objectifs géopolitiques légitimes et moraux, nous pourrions nous rassurer un peu et ne voir dans les corps meurtris des femmes et des enfants laissés en jachère sous nos armes ou celles de nos alliés — notamment wahhabites (au Yémen) et sionistes (en Palestine) — que des dommages collatéraux de nobles intentions, les maux et malheurs inéluctables d’un bien nécessaire à l’affirmation des principes démocratiques.

Mais, nous savons, ou devrions savoir, que lorsque nos démocrates aux mains sales — c’est-à-dire nos représentants —vont tuer des innocents en notre nom, ce sont nos semblables qu’ils tuent ainsi impunément pour consolider un pouvoir qui leur appartient déjà et pour jouir encore un peu plus de l’ivresse capitaliste et matérialiste à laquelle ils s’adonnent depuis longtemps.

L’ampleur de la violence utilisée est telle, la disproportion entre les objectifs et les moyens employés si vaste, que le mal infligé ne peut pas répondre seulement à des objectifs militaires et géopolitiques pratiques — qu’ils servent ou non des impératifs démocratiques ou oligarchiques. Il y a un trop-plein de violence qui ne peut se justifier par la nécessité de remporter une victoire certaine sur le terrain des opérations. Le niveau des souffrances infligées est tellement au-delà de l’humain qu’il faut chercher ailleurs les explications de cette disproportion.

La violence exercée n’est, à l’évidence, pas chirurgicale et pratique, mais sadique et surabondante. Une sorte d’orgie mortifère accompagne les conquêtes de l’Occident — faite de viols, de massacres de masse, de tortures — qui cherche dans le chaos et la désolation le sentiment de sa propre existence, les preuves de sa domination et le plaisir pervers de faire et de voir souffrir les autres.

Il s’agit à la fois pour l’Occident (i) de soumettre l’âme et les corps des peuples vaincus et de s’en réjouir bruyamment au cours d’agapes médiatiques et pornographiques, cela va de soi, mais, aussi, plus sournoisement, (ii) de courber la conscience des citoyens occidentaux et d’insuffler dans leur psyché l’effroi d’une violence irrationnelle, disproportionnée et sans limites qu’ils pourraient éventuellement subir à leur tour s’ils devaient se déclarer mécontents de la démocratie représentative occidentale et de ses représentants.

Les citoyens des démocraties représentatives occidentales sont des victimes potentielles qui ayant vu la brutalité dont leurs dirigeants sont capables envers « d’autres » ne peuvent que se taire devant le spectacle des victimes réelles, si elles ne veulent pas craindre d’ouvrir les portes de l’enfer pour eux et leurs proches. 

La violence faite aux autres est une promesse de violence à notre égard. Ainsi, nous votons pour nos « possibles » bourreaux parce que nous sentons que si nous ne reconnaissons pas nos maîtres pour ce qu’ils sont — nos suzerains — ils nous sacrifieront. Nous acceptons les défaites et les humiliations permanentes parce que nous savons ce dont ils sont capables. Nous intériorisons cela et nous nous comportons comme de bons citoyens respectueux de l’ordre oligarchique, ne nous autorisant que les droits de voter et de manifester — ces droits « impuissants » — pour nous débarrasser de nos peurs sans jamais nous débarrasser de nos chaînes. Cela va même plus loin : nous finissons par épouser le discours de nos maîtres démocrates et trouver mille et une excuses aux crimes qu’ils commettent.

La « démocratie » n’est que l’autre nom (politiquement et psychologiquement acceptable) du syndrome de Stockholm dont nous sommes les victimes lâches et consentantes. 

29 mai 2015

Post-scriptum — 4 octobre 2024 :

Névroses démocratiques

Depuis la crise du Covid-19, ce n’est plus seulement la politique étrangère de nos pays occidentaux qui met à nu de manière criante la véritable nature de nos régimes. La tyrannie sanitaire mise en place par nos gouvernements pendant plus de deux ans nous a montré ce dont ils étaient capables à l’intérieur même des frontières de nos « démocraties ».

Tout au long de cette période interminable, nos dirigeants ont fait preuve d’un sadisme béat et assumé mâtiné d’une allégresse manifeste, voire d’une jubilation sans borne devant le spectacle lamentable et odieux de leurs peuples obéissants et veules.

Le syndrome de Stockholm s’est manifesté de manière outrancière à travers l’acceptation quasi générale des masques, des mesures sanitaires orwelliennes en tous genres et des vaccinations expérimentales de la part de peuples éberlués, hébétés et soumis (mais aussi heureux, et quelquefois fières, de leur misère et de leur souffrance).

Les peuples occidentaux ont accepté sans broncher (à quelques exceptions individuelles près) les tortures (morales, psychologiques et aussi physiques) qu’ils se sont vu infliger par leurs élites dirigeantes. Ils ne se sont pas contentés de leur trouver des excuses, ils ont pris la défense, quelquefois avec zèle, de leurs propres bourreaux.

D’autres manifestations de ce syndrome ont vu le jour ces dernières années. Parmi celles-ci on peut relever quelques-unes des plus abjectes de notre époque contemporaine :

  1. Génuflexion de policiers, de joueurs de foot, de professeurs d’université devant les objurgations comminatoires du mouvement extrémiste (voire terroriste) Black Lives Matter ;
  2. La généralisation des discours genrés qui nous font accepter (surtout aux États-Unis et au Royaume-Uni) d’utiliser des pronoms inadéquats et absurdes pour qualifier l’autre ;
  3. Acceptation et légitimation de la « théorie critique de la race » et le mépris de l’homme blanc occidental hétérosexuel qui est amené à se voir et à se considérer comme l’incarnation du mal (en quelque sorte, coupable d’être victime de sa culpabilité), raciste par nature et incapable, par définition, de revêtir le statut de victime de racisme.

Toutes ces manifestations dont l’expression s’est déroulée à l’intérieur du glacis démocratique occidental sont, si on regarde cela avec l’œil du médecin légiste se penchant sur le corps social en décomposition, les prurits de névroses démocratiques que nous avons accepté de cultiver plutôt que de combattre.

Il y a, dans le syndrome de Stockholm, un caractère pathologique manifeste : nous avons fait nôtres les névroses de nos dirigeants et avons renoncé à toutes nos dignités en acceptant de devenir leurs souffre-douleur (l’envers du sadisme se traduisant par une soumission masochiste).

Le syndrome de Stockholm a quelque chose de plus abject encore que la simple servitude volontaire. Dans cette dernière, il n’y a pas forcément d’adhésion au discours et aux valeurs du bourreau ni d’effort pour légitimer ses violences et sa perversité. Celui qui est atteint du syndrome de Stockholm dans nos sociétés démocratiques (le bourgeois cultivé urbain est exemplaire à cet égard), se porte volontiers au secours de ses oppresseurs et poursuit même de sa vindicte la plus rageuse toute personne qui viendrait tenter de l’extirper de son emprise et de sa dépendance à l’égard de son tyran.

Les régimes démocratiques occidentaux contemporains sont devenus des névroses collectives dont le syndrome de Stockholm est l’une des manifestations les plus éclatantes et les plus terrifiantes.

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