Les Tribunaux Malades de la Peste

Scènes drolatiques et tragiques en moins d’un acte !

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La Grand-Mère

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Le Juge (s’adressant à l’accusée) : Veuillez dire « je le jure » en posant votre coude sur le Code de la Santé Publique (éditions Véran – janvier 2021).

Grand-mère (posant avec difficulté son coude sur ledit Code) : Je l’endure Monsieur le juge.

Le Juge : La parole est à la défense.

Grand-mère : Je voudrais commencer par une comparaison avec une autre maladie que celle qui nous occupe en ce moment …

Le juge : Objection ! Qui nous préoccupe, Madame, qui nous préoccupe au plus haut point !

Grand-mère : Ce que je voulais vous dire c’est que l’appendicite est une maladie qui peut à la fois être grave et bénigne …

Le juge : La défense semble prendre un chemin inattendu et périlleux en cherchant des comparaisons hasardeuses !

Grand-mère : Je poursuis. Elle est mortelle si on ne la soigne pas. Mais, puisque nous avons appris à la traiter et à la guérir, elle n’est ni grave ni mortelle.

Le juge : Où voulez-vous en venir ?

Grand-mère : Eh bien, le Covid est sans doute grave dans certains cas, voire mortel si on ne le traite pas, n’est-ce pas ?

Le juge : Conjecture ! Le Covid est grave par nature et nier sa gravité est plus grave encore ! Veuillez poursuivre en évitant de prendre ces chemins de traverses qui mènent les raisonnements au bord du doute et l’accusée au bord de la condamnation ! Allez droit au mur je vous prie.

Grand-mère : Je m’y empresse. Pourquoi donc cette guerre acharnée des autorités et des médias contre les nombreux traitements pressentis depuis les premières lueurs du chaos ?

Le juge : Je ne réponds pas à des questions, seuls les accusés le font. Je vous rappelle que je suis juge au tribunal de la santé publique ; je réponds donc à des ordres et je délivre des sentences comme les médecins délivrent leurs ordonnances !

Grand-mère : Très bien, très bien. Je vous laisse néanmoins trouver la réponse qui découle naturellement de son précipice.

Je poursuis.

Le Juge : Objection ! C’est nous qui vous poursuivons ! Ne l’oubliez pas !

Poursuivez.

Grand-mère : Grave pour qui d’ailleurs ce Covid-19 ? Je vous le demande !

Le juge : Veuillez répondre à vos propres questions s’il vous plaît. Cela devient lassant et frôle l’outrage à magistrat !

Grand-mère : La grippe n’est-elle pas près de cent fois plus dangereuse pour les enfants que le Covid ?

Le Juge : Objection ! Objection ! Mais enfin, arrêtez avec ces questions ! Seuls les gens de robe ont l’autorité suffisante pour poser des questions. Dernier avertissement Grand-mère. Poursuivez avec prudence, tristesse et désarroi, s’il vous plaît.

Grand-mère : Eh bien … je l’affirme … ce sont les chiffres officiels … 500 enfants meurent de la grippe aux États-Unis chaque année ; quelques-uns seulement sont morts du Covid et l’attribution de leur mort à cette étrange maladie est très incertaine, sinon suspecte !

Personne n’a jamais songé à mettre l’humanité en résidence surveillée pour éviter les morts de la grippe ou désengorger les hôpitaux !

Le Juge : Mais c’était le seul moyen de protéger les personnes âgées !

Grand-mère : Et les jeunes ?

Le Juge : Quoi les jeunes ?

Grand-mère : Ceux qui meurent chaque année de la grippe ! On ne confine pas chaque année ni n’imposons de distanciation sociale pour les sauver !

Le Juge : Les jeunes ont tout l’avenir devant eux !

Grand-mère : Sauf ceux qui meurent de la grippe !

Le Juge : Ils n’ont qu’à prendre du Doliprane, comme les vieux ! Un le matin, un le midi et un le soir ! Ce sera mon ordonnance !

Grand-mère : Inutile pour ceux qui meurent !

Le juge (n’en pouvant plus) : J’en ai assez de vos sarcasmes !  Vous n’êtes pas sensée argumenter, mais vous défendre !

Je ne supporterai pas plus longtemps ces attaques indignes contre les services publics de la santé qui remettent en cause les efforts de ceux qui se battent au quotidien pour sauver nos aînés ! Sachez que mes ancêtres ont sacrifiés leur vie pour que nous ayons aujourd’hui des couloirs d’hôpitaux longs, propres, vides et lumineux ! et pour qu’un jour, peut-être, nous puissions, vous puissiez, être intubés dans un lit de réanimation digne de notre civilisation et de notre empathie compassionnelle !

Suspension de séance. Puis suspension du procès. Le juge s’estimant suffisamment informé sur les faits de la cause.

La cause fut entendue et le jugement fut rendu promptement sur le champ d’honneur : grand-mère fut déclarée morte du Covid après son exécution sommaire.

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Le Grand-Père

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Le Juge (manifestement dans un état second – une ligne blanche sur la moustache) : La parole est à la défonce.

Grand-Père : Je ne sais pas quoi dire.

Le Juge : Avez-vous un avocat ?

Grand-Père : Je ne crois pas.

Le Juge : Votre réponse est ambiguë et pourrait constituer un délit suffisant pour un nouveau procès !

Grand-Père : J’avais un avocat au fond de la Cour, à droite … mais il n’est jamais revenu de son absence soudaine et inexpliquée.

Le Juge : Même les meilleurs d’entre nous peuvent avoir leurs égarements ! Vous sentez-vous en état de vous défendre par vos propres moyens ?

Grand-Père : Certainement, mais de quoi m’accuse-t-on ?

Le Juge : Nul n’est censé ignorer les accusations portées contre soi. Mais je vous l’accorde, le langage juridique est parfois inaccessible aux délinquants !

Consultant son dossier :

Eh bien voici : vous êtes accusé d’avoir mené un assaut devant le restaurant le Capitole dans le 8ième arrondissement de Paris avec l’intention manifeste de renverser à la fois les tables et la République. Depuis le 6 janvier 2021, ces agissements sont considérés comme des actes de terrorisme domestique et sont passibles de la vaccination à vie.

Grand-Père : Je n’ai fait que passer dans la rue !

Le Juge : Il s’agit donc de complicité.

Grand-Père (dépité) : Ah bon !?

Le Juge : Ce sera votre dernier mot.

Et ce fut son dernier souffle.

Cette fois-ci, le Juge n’ayant pas eu le temps de rédiger son jugement, la sentence fut délivrée par DHL avec l’accusé dans la réception qui fut vacciné promptement. Et promptement déclaré mort du Covid.

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Le Complotiste

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Le Juge : Faites entrer le coupable !

Le Complotiste (un jeune étudiant en médecine) : Mais, Monsieur le Juge, je suis accusé, pas coupable !

Le Juge : Ha, c’est un peu court jeune homme, c’est vous qui le dites ! Et vous affirmez cela avec un aplomb qui pourrait bien desservir votre cause ! La Cour apprécierait un peu de modestie !

Le Complotiste : J’ai juste émis des doutes sur les dangers du virus !

Le Juge : Sachez que vos doutes sont éminemment douteux !

Le Complotiste : Je suis sceptique, voilà tout !

Le Juge : Et moi sceptique quant à vos doutes ! D’autant que le scepticisme est souvent le masque derrière lequel se cache une haine sournoise et se fourvoie la raison des plus faibles !

Le Complotiste : Pour dire vrai, je ne crois pas à tout ce qu’on dit sur France Info !

Le Juge : Vous avouez donc votre crime ?

Le Complotiste : Non, non, pas du tout … je me suis contenté de dire qu’on ne savait pas tout !

Le Juge :  C’est une chose de dire que VOUS ne savez pas tout, et cet aveu de circonstance vous appartient sans vous honorer nullement … c’en est une autre d’affirmer que les AUTRES, eux, ne savent pas tout !

Vous devriez savoir que l’ignorance mène au doute … que le doute entraîne le soupçon… le soupçon débouche sur le déni … le déni conduit à la négation … la négation aboutit au crime et du simple crime on est insensiblement poussé au crime des crimes … !

Le Complotiste : Mais qu’est-ce que le crime des crimes Monsieur le Juge ?

Le Juge : C’est le crime qui provient de la négation, qui est issu du déni jaillissant du soupçon entraîné par le doute découlant de l’ignorance !

Le Complotiste : J’ai fait tout ça moi !?

Le Juge :  Bien plus encore ! En instillant le doute dans l’esprit de vos proches sur les dangers de cette peste moderne, vous avez mis en danger la vie d’autrui, répandu de fausses informations, contesté les crimes de ce choléra et promu des remèdes imaginaires !

Le Complotiste : Mais ils ne sont pas imaginaires !

Le Juge :  Vous avouez encore votre crime ! Et pour un étudiant en médecine, vous devriez savoir que le remède est souvent pire que le mal !

Le Complotiste : Mais l’hydroxy…

Le Juge :  Balivernes !

Le Complotiste : L’Ivermectine !

Le Juge :  Billevesées !

Le Complotiste : L’Artémisia ?

Le Juge :   Fariboles !

Le Complotiste : La Colchicine ?

Le Juge :  A vos souhaits !

Le Complotiste : Le Zinc !

Le Juge :  Et pourquoi pas la vitamine C tant que vous y êtes !

Le Complotiste : Oui, c’est ça, et aussi la vitamine D !

Le Juge :  Vous allez nous faire tout l’alphabet avec vos théories conspirationnistes !?

Et si la vitamine D était bonne pour la santé, pourquoi mon médecin de famille me recommanderait-il de la crème solaire quand je pars à Courchevel !

Le Complotiste : Il y avait aussi le plasma …

L’avocat au fond de la Cour (interrompant son client) : Je voudrais mentionner à l’honorable juge un certain nombre de circonstances atténuantes à la décharge de mon client.

Le Juge : Faites ! Mais faites court comme un jugement cinglant, tranchant comme la vérité nue, précis et aiguisé comme la loi et n’ajoutez pas des circonvolutions de langages pédantes et inutiles montrant votre maitrise des arcanes de la grammaire judiciaire au détriment de la vérité vraie, aride et brutale et n’oubliez jamais cet adage : Actor incumbit probatio, reus in excipiendo fit actor !

Et celui-ci : Aliquis non debet esse judex in propria causa !

Et enfin celui-là : Audi alteram partem.

L’avocat au fond de la Cour (semblant perdu) : Je vous demande pardon ?

Le Juge : Le pardon vous est accordé ! Vous êtes tout excusé … poursuivez !

L’avocat au fond de la Cour : Mon client est né dans un quartier miséreux d’une sordide banlieue à l’insécurité légendaire … le malheur et la fatalité se sont abattus plusieurs fois sur cette triste destinée marquée du sceau de la déchéance et de la misère … seul membre de sa famille à avoir passé son bac …

Le Juge (interrompant brusquement l’Avocat au fond de la Cour) : Maître, vos circonstances sont exténuantes … veuillez abréger nos souffrances !

L’avocat au fond de la Cour : J’irai donc droit au but. Mon client n’est pas coupable !

Le Juge : Brillante démonstration !

Mais sans doute insuffisante pour renverser la décharge de la preuve devant notre autorité !

Et si la vérité n’a pas d’odeur, le coupable exhale néanmoins un parfum nauséeux de révolte contre les règles de la communauté Instagram (sponsor officiel, je vous le rappelle, de ce procès exemplaire) !

Les doutes de l’accusé ont renforcé notre conviction de sa culpabilité !

Mais, trêve d’égarements verbeux et de développement spécieux, je prononce la sentence immédiatement : vous êtes coupable de n’être point innocent, et, par conséquent, vous êtes condamné à tort !

Vous serez exécuté demain matin après le petit déjeuner qui vous sera offert et délivré par Amazon.

Condamné, avez-vous un dernier mot à ajouter ?

Le Complotiste : Mais …

Le Juge : Madame la Greffière, veuillez ajouter « Mais » au procès-verbal … Il s’agira donc du dernier mot, un tantinet menaçant, plein d’incertitudes et de non-dits, de notre condamné !

Le jeune homme fut condamné à la distanciation sociale de ses membres inférieurs (1 mètre 20 entre chaque partie principale) et écartelé jusqu’à ce que mort s’en suive … et la mort s’en suivit, promptement, comme une belle leçon d’anatomie pour ce jeune interne en médecine mort officiellement du Covid après avoir été éliminé de la communauté YouTube pour non-respect de son règlement.

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peste-rouge

« A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable. »

Jean de La Fontaine
Les fables – Recueil II, livre VII

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À suivre … peut-être !

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Guillaume de Rouville
L’Idiot du Village
26 février 2021

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Une réponse à “Les Tribunaux Malades de la Peste”

  1. Avatar de Paul BOUSQUET

    Excellent Guillaume !
    Bien que peu familier des prétoires, j’espère que le totalitarisme en progression n’aboutira jamais à ce genre de parodie de justice. Quoique tout soit possible en Absurdistan, comme on se plait à nommer la France en Allemagne.

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