Vive le réchauffement !
À contre-courant des dogmes dominants sur le climat, Guillaume de Rouville signe avec Promenade dans les abysses écologiques, paru en avril dernier, un essai à mi-chemin entre pamphlet, journal de bord et manifeste intellectuel. Il y bouscule sans détour les fondements idéologiques de la transition écologique contemporaine.
Dans cet entretien, il revient sur trois idées-forces qui structurent sa critique : la réhabilitation du CO₂ comme moteur du vivant, la relativisation du réchauffement climatique considéré non comme une menace existentielle mais comme un phénomène complexe, parfois bénéfique, et la dénonciation d’une « transition verte » devenue extractiviste, techno-autoritaire et profondément injuste.
Entrons en matière toute de suite. Niez-vous le réchauffement climatique ?
Guillaume de Rouville : Non, je ne le nie pas. Je le célèbre. C’est encore plus dérangeant pour tous les flippés du climat ! Ce que je conteste, c’est la manière dont il est instrumentalisé. Le climat a toujours changé, et il continuera de changer, avec ou sans l’homme. Ce que nous appelons « réchauffement climatique » aujourd’hui est une légère augmentation des températures moyennes globales, mesurée depuis une période de référence très froide : le Petit Âge Glaciaire qui s’est terminé à la fin du 18ème siècle. Dire que le climat se réchauffe depuis la fin de cette époque n’a rien de scandaleux, ni de dramatique en soi. Au contraire.
Ce que je remets en cause, c’est la prétention de certains à en faire un phénomène exclusivement anthropique, uniquement lié au CO₂, et surtout nécessairement catastrophique. Le réchauffement n’est pas un événement apocalyptique : de mon point de vue, il faut accueillir ce réchauffement comme une évolution naturelle globalement très bénéfique.

Simulation
Votre approche iconoclaste s’articule autour des trois axes de réflexion suivants : (i) le CO2 est bon pour la nature et l’homme ; (ii) le réchauffement (qu’il soit ou pas engendré par le CO2) n’est pas un problème ; (iii) les solutions regroupées sous le terme de « transition écologique » posent de très graves problèmes (notamment l’extractivisme écologique) et se trompent d’ennemi (le CO2) au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes écologiques.
Pouvez-vous élaborer sur chacun d’eux ?
- Le CO₂ est bon pour la nature et pour l’homme
GdR : C’est un des plus grands malentendus contemporains : faire passer le CO₂ pour un polluant. C’est à la fois une erreur scientifique et un contresens écologique. Le CO₂ n’est pas un déchet toxique — c’est un nutriment.Il est l’un des trois éléments de base de la photosynthèse, avec l’eau et la lumière. Sans lui, les plantes ne poussent pas. Réduisez trop le taux de CO₂ atmosphérique et vous détruisez littéralement le règne végétal. C’est aussi simple que cela.
Aujourd’hui, nous vivons dans une période où le taux de CO₂ est historiquement bas si l’on regarde l’histoire géologique longue de la Terre. Pendant des centaines de millions d’années, les concentrations ont été bien plus élevées qu’elles ne le sont aujourd’hui — parfois dix fois plus — et pourtant, la vie prospérait. En réalité, l’augmentation récente du CO₂ dans l’atmosphère a des effets mesurables et bénéfiques : les surfaces végétalisées augmentent, les rendements agricoles s’améliorent, les forêts s’étendent, notamment dans les zones tempérées. C’est ce que les satellites de la NASA observent depuis des décennies.
Et pour l’homme ? Plus de végétation signifie plus de nourriture, plus d’oxygène, des sols stabilisés, un microclimat plus tempéré, et potentiellement une réduction de la malnutrition dans certaines zones. Ce n’est pas une utopie, c’est un fait observable. Que des scientifiques ou des décideurs refusent de reconnaître ces bienfaits parce que cela heurte le dogme dominant me semble préoccupant. Ce qui est bon pour les plantes est bon pour nous.
- Le réchauffement n’est pas un problème — mais une chance
GdR : Le mot « réchauffement » lui-même a été choisi pour provoquer l’inquiétude. Si l’on avait parlé d’adoucissement climatique, le récit aurait été tout autre. Pourtant, quand on observe l’histoire du climat terrestre, ce sont les périodes chaudes qui ont été les plus propices à la vie. Le Petit Âge Glaciaire, avec ses famines et ses hivers interminables, n’a laissé que peu de nostalgie. Le climat romain ou médiéval chaud, lui, a vu fleurir les cultures, les échanges et les civilisations.
Il faut cesser de penser que toute variation de température est en soi une catastrophe. D’abord, parce que les températures ne montent pas de façon homogène : la plupart de l’augmentation mesurée concerne les nuits et les zones froides. Ensuite, parce qu’un monde légèrement plus chaud est, dans bien des cas, un monde plus vivable. Moins de froids extrêmes, moins de dépenses de chauffage, de routes verglacées, de mortalité hivernale. Plus de terres cultivables dans les zones boréales. Une meilleure résilience pour certaines cultures.
Évidemment, il y a des défis liés au changement climatique ; ces défis ont toujours accompagné l’homme depuis son émergence. Mais les solutions ne passent pas par la panique ni la culpabilisation généralisée. Elles passent par l’adaptation, la maîtrise des risques, l’innovation — pas par une guerre idéologique contre un gaz vital. Le réchauffement est un phénomène naturel et multicausal qui peut être géré de manière pragmatique. L’exagération des périls ne sert qu’à nourrir des agendas politiques.
- La « transition écologique » actuelle est une catastrophe écologique
GdR : Ce qu’on appelle aujourd’hui « transition écologique » est une fuite en avant technocratique. Derrière des slogans séduisants — neutralité carbone, croissance verte, Net Zéro — se cache une réalité bien plus brutale : celle d’un extractivisme écologique qui ne dit pas son nom. Pour produire des batteries, des éoliennes, des panneaux solaires, des véhicules électriques, il faut des quantités astronomiques de métaux rares, d’eau, d’énergie, de terres. Et où va-t-on chercher tous ces métaux ? Dans les sous-sols d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie. Résultat : des pollutions et des destructions d’habitats massives, des conflits géopolitiques, des violations de droits humains.
Cette « transition » n’est ni durable ni équitable. Elle ne remet pas en cause le modèle consumériste, elle le verdit artificiellement. Elle promet un monde propre en surface, mais continue de salir en profondeur, là où personne ne regarde. Et tout cela pourquoi ? Pour combattre un gaz qui, en soi, n’est pas un polluant. On s’acharne sur le CO₂, pendant que la biodiversité disparaît, que les nappes phréatiques s’épuisent, que les sols sont stérilisés, que les plastiques envahissent les océans.
Nous nous trompons d’ennemi. Le vrai défi est de concevoir une écologie qui s’attaque aux pollutions réelles, qui protège les milieux naturels, qui valorise la sobriété choisie et non la pénurie imposée. Une écologie qui respecte les peuples, les paysages, les limites biologiques, sans sombrer dans un autoritarisme vert au service des lobbies des énergies renouvelables et de l’industrie extractive (l’une des plus polluantes au monde) !
Une dernière question : au fond, pourquoi avez-vous écrit ce livre ? Qu’espérez-vous déclencher ?
Guillaume de Rouville : J’écris pour réveiller. Pour raviver une étincelle d’esprit critique dans un monde hypnotisé par des vérités toutes faites, répétées jusqu’à l’absurde. Ce livre, c’est une invitation à sortir des dogmes écologiques fabriqués sur des peurs. J’aimerais que chacun, même brièvement, reprenne contact avec le réel et le bon sens. Qu’il retrouve la simplicité d’un regard sur le monde vivant — et qu’il ressente, au fond de lui, le droit inaliénable de douter de la bonne parole officielle et de penser par lui-même. Si cette sensation émerge, même fugacement, alors j’aurai semé quelque chose.
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