Jacques Attali, l’ancien conseiller personnel de François Mitterrand à l’Elysée, de 1981 à 1990, vient d’apporter une réponse inattendue à l’une des questions les plus pesantes que la conscience citoyenne se pose depuis le tragique printemps du génocide rwandais de 1994 : pourquoi la France a-t-elle soutenu militairement, financièrement et diplomatiquement la faction Hutu responsable de la mort de plus d’un million de ses compatriotes ?
Dans une interview au Monde ( Le Monde ), Jacques Attali nous livre sa version de la manière suivante : « Sur le Rwanda, ni lui [Mitterrand] ni Balladur n’ont rien fait de coupable. Il était contre les Ougandais parce que c’était pour lui le cheval de Troie des Américains, et idem en Bosnie où il ne voulait pas voir revenir les Américains au moment où on construisait l’Europe ».
Il s’agissait donc de défendre la francophonie et de contrecarrer la progression du monde anglo-saxon ! Le génocide rwandais serait ainsi, d’une certaine manière la défense et l’illustration de la langue française face à l’hégémonisme de l’anglais. Jolie excuse et belle infamie qu’Hubert Védrines avait déjà défendue en son temps.
En voulant disculper François Mitterrand (et sans doute lui-même) de toute responsabilité dans le génocide rwandais (comme il le fait également de son implication dans le régime de Vichy) Jaques Attali nous montre à quel point l’amour de la langue française peut relever du fanatisme le plus barbare et, une fois de plus, cacher l’inavouable.
Guillaume de Rouville
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