Le Pentagone établit une nouvelle unité d’espionnage, hors des zones de guerre

Le ministère de la défense américain a créé un nouveau service de renseignement afin d’améliorer son travail hors des zones de guerre, où il concentre l’essentiel de ses efforts actuellement, a-t-on appris mardi 24 avril auprès d’un de ses porte-parole.

La création du Service clandestin de la défense (Defense clandestine service, DCS) a été paraphée la semaine dernière par le secrétaire à la défense Leon Panetta, ancien patron de l’Agence centrale du renseignement américain (CIA). Ce nouveau service devra travailler conjointement avec la CIA, qui a entretenu des rapports de rivalité profonde avec la défense depuis le 11-Septembre, et dispose déjà d’un Service clandestin national (NCS).

Leon Panetta

Les agents de renseignements du Pentagone ont aujourd’hui pour principale mission d’approvisionner la hiérarchie militaire en informations tactiques sur les théâtres de guerre. L’an dernier, un rapport largement diffusé avait critiqué violemment leurs méthodes en Afghanistan, affirmant que les agents du Pentagone échouaient à comprendre le contexte stratégique du conflit, en ignorant les luttes sociales, d’argent et de politique qui se déroulaient dans le pays. L’auteur du rapport, le lieutenant général Michael Flynn, a été nommé la semaine dernière à la tête de l’agence de renseignement du Pentagone (DIA), qui supervise ce nouveau bureau.

DÉFENSE ET RENSEIGNEMENT DE PLUS EN PLUS MÊLÉS

Le DCS, qui fonctionnera avec « plusieurs centaines » d’agents de terrain de la défense déjà actifs, devra se réorienter plus largement hors des zones de guerre, notamment vers la Chine, l’Iran et la prolifération nucléaire, a affirmé, mardi, le ministère.

Sous la présidence de George W. Bush, le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld avait déjà tenté de faire évoluer les capacités du Pentagone vers des domaines qui étaient traditionnellement dévolus à la CIA. Cette dernière avait mis un frein à ses efforts, alors que montait le débat sur la détection d’armes de destructionsmassive en Irak.

Cependant, cette réorganisation intervient alors que les missions de l’armée et de la CIA (aujourd’hui dirigée par un militaire, le général David Petraeus) sont de plus en plus mêlées. Les agents de la défense, basés notamment dans les bureaux de la CIA dans les ambassades américaines, travaillent aujourd’hui régulièrement sur des sujets qui ne relèvent pas de l’engagement direct des forces armées.

Les deux entités ont travaillé ensemble sur le raid qui a mené à l’exécution d’Oussama Ben Laden au Pakistan, en 2011. Elles collaborent actuellement dans la traque des combattants d’Al-Qaida au Yémen.

Le Monde, 25 avril 2012

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