Les attentats du 11 Septembre et les services secrets pakistanais

Le Président des services secrets pakistanais (l’ISI), Lt. Gen. Mahmoud Ahmad, se trouvait en visite officielle aux Etats-Unis au moment des attentats du 11 septembre (Reuters -13 septembre- ; New York Times -13 septembre- ; Daily Telegraph -14 septembre- ; The Guardian -15 septembre- ).

A Washington du 4 au 13 septembre, son agenda était particulièrement chargé puisqu’il a eu des entretiens privés avec les hauts responsables Américains suivants : le secrétaire d’Etat Colin Powell (12 ou 13 septembre) ; le sous-secrétaire d’Etat adjoint Richard Armitage (12 et 12 septembre) ; le sous-secrétaire d’Etat Marc Grossman (avant le 11 septembre) ; le directeur de la CIA, George Tenet (avant le 11 septembre) ; le sénateur Bob Graham, président du Comité du renseignement du Sénat (11 septembre) ; le sénateur John Kyl, membre du Comité du renseignement du Sénat (11 septembre) ; le représentant Porter Goss, président du Comité du renseignement de la Chambre et le sénateur Joseph Biden, président du Comité des relations étrangères (11 septembre) (dans Guerre et Mondialisation de Michel Chossudovsky – Editions Le Serpent à Plumes – page 211).

D’après le Washington Post (en date du 23 septembre 2001), Mahmoud Ahmad se serait rendu en Afghanistan juste après les attentats, à la demande des Américains, afin de rencontrer les leaders Talibans et de discuter avec eux de l’extradition de Ben Laden aux Etats-Unis.

Quelques jours avant le commencement de la campagne militaire anglo-saxonne en Afghanistan (octobre 2001), on apprend que Mahmoud Ahmad est poussé à la démission, sous la pression des Américains, pour avoir transféré 100 000 $ au chef présumé des attentats du 11 septembre, Mohammed Atta.

Ces faits incroyables, (d’abord révélés le 8 octobre par Press Trust of India et The Dawn du Pakistan) ont été relatés en détail par le très respecté Times of India : « Des sources importantes ont confirmé que le général [Mahmoud Ahmad] avait perdu son travail en raison des preuves fournies par les services secrets indiens établissant un lien entre lui et l’un des responsables des attentats contre les World Trade Center. Les autorités américaines ont exigé sa mise à la retraite une fois confirmé le transfert de 100 000 $ au profit de Mohammed Atta à travers le Pakistan, transfert réalisé par Umar Sheikh à la demande de Mahmoud Ahmad. Des sources gouvernementales ont confirmé que l’Inde avait contribué de manière significative à l’établissement du lien existant entre le transfert d’argent et l’ancien président de l’ISI. Sans donner de détails, ces sources ont confirmé que les éléments recueillis, y compris le numéro de téléphone du mobile de Sheikh, ont aidé le FBI à établir le lien en question » (Joshi, Manoj, ‘India helped FBI trace ISI-terrorist links’, Times of India, 9 octobre 2001).

Les faits ont ensuite été confirmés par d’autres sources : AFP -10 octobre- ; Wall Street Journal -10 octobre- ; Australian -10 octobre- ; India Today -15 octobre- ; Daily Excelsior -18 octobre- ; Sunday Herald -24 février 2002- ; London Times -21 avril 2002.

Depuis, Mahmoud Ahmad refuse de répondre aux questions (AP -21 février 2002) et n’a pas fait l’objet de poursuites de la part du Pakistan ou des Etats-Unis qui n’ont pas réclamé l’ouverture d’une enquête sur les liens supposés entre l’ancien président de l’ISI et l’un des responsables des attentats du 11 septembre.

Ainsi, alors que des centaines de Talibans présumés sont enfermés illégalement à Guantanamo (au regard de la loi américaine et des Conventions de Genève sur le traitement des prisonniers de guerre), que des personnes n’ayant aucun lien manifeste avec les attentats sont détenues sans droit dans les prisons américaines sous prétexte d’activités terroristes, l’ancien président des services secrets pakistanais est simplement écarté de son poste, sans que des comptes lui soient demandés, sans que l’administration Bush ne réclame son extradition, alors même que son implication dans les attentats ne semble plus faire de doute pour le FBI et les services secrets indiens.

Quand on connaît les liens étroits qui existent depuis les années 1980 entre la CIA et l’ISI (notamment dans l’émergence du mouvement Taliban), quand on sait que le président de l’ISI était en visite officielle à Washington au moment des attentats du 11 septembre, que ce dernier a participé au financement de l’un des terroristes présumés, qu’il a été mis à la retraite sous la pression des Américains, qu’il n’a pas été poursuivi par ces derniers qui ne l’ont même pas interrogé officiellement, que George Bush est le fils d’un ancien Président des Etats-Unis lui-même ancien dirigeant de la CIA, que les Bush, père et fils, entretiennent des liens d’affaires étroits avec la famille Ben Laden et avec l’un des principaux bailleurs de fonds du terrorisme islamique, Ben Mahfouz (voir le livre de Brisard et Dasquié – Ben Laden La Vérité Interdite, Denoël, 2001)…on est en droit de se poser un certain nombre de questions sur la responsabilité de l’administration Bush dans les attentats du 11 septembre. A tout le moins, une enquête sur cette éventuelle responsabilité serait bienvenue.

Guillaume de Rouville

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