Tony Blair et le 11 Septembre

On savait le Premier Ministre britannique peu regardant sur la qualité des rapports de ses services secrets concernant l’existence d’armes de destruction massive en Irak. Il semble qu’il faille aussi regarder avec un certain scepticisme les preuves qu’il nous a présentées concernant la responsabilité directe du réseau Al-Qaïda et des Talibans dans les attentats du 11 septembre.

Le 4 octobre 2001, Tony Blair présentait publiquement un rapport contenant, d’après lui, les preuves irréfutables de la responsabilité d’Oussama Ben Laden et de son réseau terroriste dans les attentats du 11 septembre (Los Angeles Times – le 5 octobre 2001 ; pour le rapport voir le même journal en date du 4 octobre). Quelques jours plus tôt, le secrétaire d’Etat américain, Collin Powell, avait promis que son administration présenterait elle-même un tel rapport (Los Angeles Times – le 24 septembre 2001). Ce rapport n’a jamais vu le jour. Nous ne disposions donc, au moment de l’intervention militaire anglo-saxonne en Afghanistan (7 octobre 2001), que du rapport établi par le gouvernement de Tony Blair pour nous faire une idée précise du lien direct pouvant exister entre les attentats, le réseau de Ben Laden et le régime Taliban installé à Kaboul. Or, ici aussi, comme pour les documents officiels rendus publics par Tony Blair avant la guerre contre l’Irak (octobre 2002 et février 2003), à la lecture du rapport on est guère impressionné par la qualité des informations fournies. On apprend seulement, en effet, que trois des preneurs d’otages auraient des liens avec Al-Qaïda (mais presque tous les terroristes du monde semblent avoir de tels liens si on en croit les dires officiels de nos gouvernants), que des proches de Ben Laden (dont les noms ne sont pas révélés) ont admis l’implication d’Al-Qaïda dans les attentats du 11 septembre et qu’il existe d’autres sources d’information, qui malheureusement ne peuvent être révélées, indiquant clairement une responsabilité directe du réseau dans les attentats (CNN – le 4 octobre 2001 ; le Time – le 5 octobre 2001). Aucune des informations rapportées dans ce rapport n’apporte d’élément nouveau (la plupart étant déjà dans le domaine public) sur l’implication de Ben Laden et des Talibans dans les attentats. Certains arguments avancés prêteraient à rire si les événements en cause n’étaient pas tragiques : « There is evidence of a very specific nature relating to the guilt of Bin Laden and his associates that is too sensitive to release. Usama Bin Laden remains in charge, and the mastermind, of Al Qaida. In Al Qaida, an operation on the scale of the 11 September attacks would have been approved by Usama Bin Laden himself ».

C’est pourtant avec ces informations, compilées par les Anglais et non par les Américains comme on aurait pu légitimement s’y attendre, qu’on espère assouvir notre envie de comprendre ce qui s’est réellement passé et qu’on souhaiterait taire les voix qui s’élèvent pour réclamer une véritable enquête et la déclassification des éléments de preuve tenus secrets par le gouvernement de Tony Blair.

On doit s’étonner des conclusions de ce rapport qui ne mentionnent pas la responsabilité du Pakistan et de l’Arabie Saoudite, mais justifient en revanche, de manière très opportune, une intervention militaire contre l’Afghanistan qui avait été prévue de longue date par les Etats-Unis (au moins depuis décembre 2000 – Washington Post, ‘Afghanistan Landmine’ by Frederick Starr, 19 décembre 2000 ; Toronto Sun, 4 décembre 2000).

Il conviendrait de remettre ce rapport sur la table et de questionner sévèrement ses rédacteurs, maintenant que nous savons que Tony Blair est passé maître dans l’art de la contrefaçon.

On apprendra, peut-être, que les non-informations qu’il contient ont été trouvées sur Internet et sont la resucée d’un mémoire d’étudiant ou les trouvailles imaginaires d’un scénariste hollywoodien !

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